Vendredi 21 Avril
Je suis très sentimental avec certains objets, comme par exemple ce ticket de musée lors du voyage scolaire à Cambridge au lycée, ou ce bracelet orange du village vacances vendéen, ou comme tous les objets de ces trois cartons que je n'ai toujours pas déballés depuis mon emménagement.
Mais parmi ces objets, une grosse enveloppe m'intrigue particulièrement : Mes cartes d'anniversaires. Je ne me suis même jamais posé la question tellement il était naturel que je ne pouvais pas les jeter.
Je ne pouvais pas faire ça à tous ces gens qui ont cherché pendant de longues minutes l'originalité, la phrase qui change de d'habitude, la référence qui fera sourire sans attirer les moqueries de ceux qui signeront après. Ni à ceux qui se promettent tous les ans, en vain, de ne pas lire les mots des autres pour ne pas bloquer l?inspiration.
Mais en y réfléchissant d?avantage, je me suis dit, après tout, pourquoi ne pas jeter ces supplices coincés entre l?obligation par politesse et la contrainte par gentillesse ? Alors, à l?occasion de mon quart de siècle, j?ai tout ressorti :
J'ai rit en remarquant ceux qui écrivent, parfois involontairement, toujours la même phrase d'une année sur l'autre ; j?ai cherché des visages à associer à ces noms qui ne me disent plus rien ; j?ai été ému par ces noms qui sont toujours là depuis toutes ces années ; j'ai souris en revoyant les cartes à fleurs mauves légèrement en relief des grands parents, puis j?ai tout rangé consciencieusement après avoir lu les mots de ceux qui ne pourront plus jamais m?en écrire?