Vendredi 28 Octobre
Il ne sait pas vraiment pourquoi il a répondu à son invitation. Il sait bien au fond de lui qu'il n'y a rien d'anodin dans cette visite, ils sont tous les deux célibataires, l'ambiguïté est certaine. Une partie de lui sait ce qu'il va se passer, l'autre en a peur et lui retourne le bide.
Il sent qu'il vieilli. Il a de plus en plus de mal à détacher le sexe des sentiments. 'Un comble pour un mec' dit la société, mais c'est un fait. Fini les parties de jambes en l'air sans lendemain, les nuits 'sans engagement' il n'y croit plus. Pour lui ce sont des leurres, puisque la boule dans le ventre est bien réelle dans la gestion de 'l'après', voir même, comme bien trop souvent, quand il ne s'agit pas de jalousie ou de possessivité.
Plus rien n'est neutre, l'adolescence est terminée, ses partenaires ont leur vie, leurs expériences, un contexte a prendre en compte et sur lequel il a un impact. Il ne peut plus se permettre de repartir comme il est venu, il n'a plus envie de jouer, il veut échanger. Plus rien n'est anodin.
Il arrive chez elle. La soirée se passe bien, et la complicité s'installe peu à peu. Il s'avance petit à petit au pied du mur comme si c'était écrit, comme il le savait depuis le début, pas de surprise. Elle est belle, elle sent bon, mais il ne peut pas. Pas ce soir. "Je ne suis pas prêt" lui susurre-t-il à l'oreille. Elle a ce sourire de la déception fataliste. Elle se blottit contre lui. "C'est pas grave".
Il est bien, et c'est bien là tout le problème. Il est tellement bien avec elle qu'il n'a pas besoin de lui faire l'amour pour l'être d'avantage. Une nuit contre elle est beaucoup plus cher à ses yeux qu'une nuit d'amour.
Il espère qu'elle le comprend.
[Ce post est inspiré des superbes planches de Laurel.]