Mercredi 24 Mars
Voilà 6 mois que je suis ici. Six mois à vivre sur mon petit nuage, à ne rencontrer que des gens bien, à ne vivre que des choses extraodinaires. Bref tout roule, tout coule. Je n'aurais pas pu rêver mieux.
Oui, mais voilà. Le bonheur, ça rend con, c'est bien connu. C'est ainsi que béa de naïveté, le sourire constant imprimé sur ma gueule, j'errais dans les rues de Dublin, quand la dure réalité, créee par des gens cons, éduqués dès leur petite enfance pour pourrir la vie des gens heureux, vint me claquer à la figure.
En effet, tout heureux de la nouvelle ligne Dublin-Lyon directe, ouverte par Aer-Lingus, je m'étais empressé de prendre des billets pour rentrer en France une petite semaine entre Noël et l'été. Billets à des prix très attractifs, mais bien entendu, ni remboursables, ni échangeables. Cela va de soit.
Puis, toujours accompagné de ma grande copine la connerie naïve, je m'aperçois que mon passeport vint à expirer mi-Mars. Pas de bol, il va falloir que je passe à l'ambassade pour faire corriger tout ça. En en parlant un peu autour de moi, on m'apprend qu'il suffit de proroger le dit-passeport pour le ralonger de 6 mois. Un simple coup de tampon :
[Rires à l'autre bout du téléphone] - Houlà, mais non. Ca fait bien lontemps qu'on ne proroge plus les passeports. Faut vous en faire faire un nouveau jeune homme. C'est 8 semaines de délai.
Vlan. L'impensable m'arrive. Je me retrouve bloqué en Irlande sans aucune possibilité de rentrer chez moi avec mon passeport périmé et ma carte d'identité me représentant à l'âge de mes dix ans, la raie au milieu et le beau col de chemise 80's dépassant de mon pull étriqué (périmée aussi depuis 4 ans). Le tout avec des billets d'avion non remboursables pour le vol de la première heure le 19 Avril.
Alors OK, je veux bien, je suis fautif. Se retrouver à l'autre bout de l'Europe avec des papiers d'identité périmés c'est pas très malin. Mais merde quoi. Je suis en Europe. La fameuse Europe qu'on essaye de construire, et je veux juste rentrer chez moi. Rien de plus.
Bref, brutalement descendu de mon nuage, je suis en train de lutter à droite à gauche, envoyant des mails, gesticulant, courant de bus en bus pour remplir tous les papiers possibles et imaginables pour établir mon passeport dans les plus brefs délais. Mission Impossible il parait, mais je vais essayer de garder confiance en ma petite étoile...
post-Synchro est terminé. Les résultats sont en ligne. Mon texte a retrouvé sa place. Les résultats pour ce dernier sont ici. Les trackbacks pour ce texte sont là, là et là
Le fil RSS du KKKP est désormais réparé aussi. Plus de blogs sans lien dorénavant.
Enfin nouvelles photos, donc celles de la st Patrick chez moi et ailleurs.
Jeudi 18 Mars
Il est à genoux. Il pleure. Il ne sait pas vraiment ce qu'il fait ici, il a longtemps hésité. Tout lui parait si irréaliste maintenant, si artificiel par rapport à ce qu'il a vécu.
Mais on l'a poussé. Oui. Pourtant, Dieu seul sait comme il n'est pas d'un caractère influençable. Ho non. Mais ses amis ont été si présents pendant ces dernières années, qu'il a décidé de leur faire confiance. A eux.
Il s'était pourtant promis de ne pas craquer, jusqu'au dernier moment il a cru qu'il pourrait tenir, mais à la minute où tout s'est éclairé il s'est effondré. Trop d'émotion, trop longtemps, tant de chemin parcouru depuis...
Tout ceci a remué tant de choses depuis ces dernières semaines. Tant de polémiques, tant de conneries proférées.
Il commence tout doucement à reprendre conscience de son environnement. Depuis combien de temps il est là, à genoux, il n'en sait rien. Au fur et à mesure que le vacarme ambiant l'envahit, il se dégoute. Il se voit glorifié de cette manière, valorisé alors qu'il sait qu'il ne le mérite pas. Il a envie de fuir, de partir se cacher, se terrer.
Il se retourne. Ils sont là, ils l'attendent, ils le regardent. Puis vint le déclic. Il s'oublie l'espace d'un instant. Il a payé sa dette maintenant, même s'il se dégoutera jusqu'à la fin de ses jours, sa thérapie c'est la musique. Sa vie c'est la musique.
Serge semble avoir compris, il commence. Denis le suit. Un frisson parcourt les 55 000 personnes du Stade de France...
Mercredi 17 Mars
Ca y est. On est en plein dedans. Tant attendu, elle est enfin là cette journée.
J'ai exactement 5 mins pour écrire un post avant de partir pour une nuit qui s'annonce longue.
Tout a commencé Samedi avec un feu d'artifice à en couper le souffle. Vous trouverez les photos chez mon compatriote photographe.
Hier, beaucoup de monde, des mini-jupes, des gens saouls, de la bière à flots, encore des gens saouls.
Puis aujourd'hui la parade, la ville en vert et orange, un temps magnifique, du monde, beaucoup de monde. De la biére encore, et encore beaucoup à venir.
Merci Dublin, et à bientôt sur ce même post qui est amené à être rapidement éditer, modifié, et enrichit de nombreuses photos !
Lundi 15 Mars
Au fil des mois ici, je me sens de plus en plus européen et de moins en moins français. Ho, j'aime La France, je suis fier de sa culture, respecteux de son histoire et je serais prêt à me battre pour défendre mon pays.
Cependant, si je devais obtenir demain la nationalité européenne au lieu de la nationalité française, tout en conservant mes origines et mes spécificités culturelles, je ne serais pas choqué. Etre un français européen comme peut l'être un breton français ne me révolterai pas le moins du monde.
Toutes les nationalités que j'ai croisées ici, la plupart européennes (mais pas seulement), m'ont fait prendre la mesure de toute ces ressemblances qui nous unient et de toutes ces différences qui nous enrichissent.
Les récents évenements, pour lesquels je n'ai pas de mots assez forts pour exprimer ma colère et ma tristesse, m'ont fait un peu plus réaliser tout cela : Je ne suis pas sûr que mes sentiments aient été différents si cela s'était produit à Paris ou Lyon, hormis l'angoisse que cela puisse toucher mes proches. Je me suis identifié à ces étudiants qui prenaient leur train tranquillement. Je le connais cet étudiant madrilène, j'en cotoye des dizaines ici, ça aurait pu être l'un d'entre eux, ça aurait pu être moi. Quelle différence ?
Heureusement, le début des festivités de la St Patrick me permettent de remettre mes oeillères et d'essayer de profiter de ma vie ici...
Mercredi 10 Mars
Je suis fatigué d'affronter les gens. Fatigué d'essayer de ménager les susceptibilités de chacun, et les égos débordants. Il est certain que mon propre égo et ma propre susceptibilité rentre en ligne de compte dans ce combat quotidien. Il est bien connu que les fortes personalités ont du mal avec les autres grandes gueules du même gabarit.
Il y a certainement un peu de cela. Les défauts des autres qui me mettent hors de moi sont sans doute ceux que je retrouve le plus ou que j'ai le plus retrouvé chez moi. Mais il n'empêche, je me suis souvent emporté, enervé; j'ai souvent explosé, secouant leurs quatre vérités sous le nez de ces gens aux paroles remplies de mépris et d'auto-suffisance, mais en vain. Ces gens ne changeront jamais. Leur recherche perpétuelle de valorisation et de reconnaissance ne s'éteindra pas. En tout cas surtout pas à la suite d'une discussion frontale comme j'ai déjà pu en avoir.
Quelques mois avant mon départ, j'ai essayé de me raisonner, d'accepter ces attitudes mieleuses cousues du fil de l'hypocrisie, ou de celui de l'egoïsme à peine camouflé. Loin de moi, l'idée d'essayer de porter le blason de l'honnêté en galopant sur le cheval blanc de l'altruisme. Le simple fait que je tienne un weblog et que je me lance dans certains projets communautaires statutaires vous pouveront le contraire. Je pense simplement qu'il y a une certaine limite dans la recherche de sa propre valorisation : celle de ne pas écraser les autres pour réussir. C'est peut-être utopique, ça fait sans doute sourire, mais ça fait partie de mes valeurs.
Mais le plus étrange, c'est que depuis que je suis là, loin de chez moi, à rencontrer des personnalités nouvelles, je n'ai jamais eu à rencontrer ce genre de problème. Plus de prise de tête, plus d'affrontement d'orgueils susceptibles. Non. Juste des gens qui s'ouvrent, qui se racontent et qui ne jugent pas. Mon Dieu que c'est reposant et enrichissant. C'est sans doute un des facteurs qui transforment ce genre d'année Erasmus en petits instants de bonheur.
Samedi 06 Mars
L'Irlande a remporté une victoire historique sur la pelouse de Twickenham face aux Champions du Monde de Rugby : l'Angleterre (13-19), lors de la 3e journée du Tournoi du six Nations, en mettant fin à une série de 22 matches consécutifs sans défaites des Anglais dans leur antre.
J'y étais.
Vendredi 05 Mars
Nouveau semestre, nouvelles photos. Entre un anniversaire arrosé, un dimanche à Howth et un hiking enneigé, il y a de quoi faire. Et encore, je ne vous parle pas de ce que vous ratez...
Comme la rubrique photos dépasse dorénavant les 2000 prises de vue, j'ai ajouté une rubrique Best-Of, où j'ai mis les photos qui me tiennent le plus à coeur. Petite amélioration technique du site en passant, qui devrait être un peu plus rapide.
Après si vous voulez voir des photos de gens qui savent vraiment faire la photo et me préparent mon book (mhaha), vous pouvez allez voir chez un compatriote [Gallerie & Carnet de Route]
Tout ceci en attendant la St Patrick bien entendu. J-12 d'ailleurs.
Mercredi 03 Mars
J'ai tout arrêté pour écrire. Il est rare que je ressente à ce point le besoin d'écrire au milieu d'une après-midi, en plein boulot. Mais il faut que ça sorte, il faut que j'expurge tout ce dégout et sentiment de haine.
Je ne trouve pas les mots, certainement qu'aucun mot n'est assez fort pour exprimer ce que je ressens, tout comme la sentence ne sera jamais assez violente pour ces monstres.
Tout le monde connait l'affaire Dutroux. Tout le monde a plus ou moins déjà entendu les noms des fillettes enlevées et vaguement les circontances de leur enlévement et séquestration.
Jusqu'à maintenant, je suppose que je m'étais protégé, j'avais fuit les détails de tout ceçi. Car on est bien obligé de se protéger de certaines atrocités si l'on veut continuer à vivre sans devenir dingue.
Il y a trois jours, j'avais déjà vu à la télé des images du cachot dans lequel étaient enfermées ces gamines. J'ai eu envie de vomir. Je n'ai pas pu m'empêcher d'avoir des images qui me hantent desormais malgré les nombreuses tentatives de deni.
Mais il y a deux minutes, un article apparement anodin, simple revue de procés sur le site de tf1.fr. Des guillemets, un certain Weinstein, une phrase.
Je ne peux plus travailler, je ne peux plus lutter contre des rafales d'images atroces qui se succédent dans ma tête. Comment voulez-vous croire en l'humanité ? Comment pouvez-vous croire en un Dieu, ou une quelconque entité supérieure qui permet des choses pareilles ?
Faut que j'aille prendre l'air.
Samedi 28 Février
Les pupilles sont dilatées, les mains fébriles, les nuits agitées. La frustration du célibat se fait sentir parmis les Erasmus.
Alors que beaucoup de couples se forment et se déforment dans cet immense melting-pot que créent les nombreuses soirées, certains restent en marge. Volontairement ou invonlontairement.
L'envie de s'abandonner, de se livrer, d'avoir quelqu'un sur qui se reposer devient pressante. Ainsi, les prises de courage tardives des derniers mois, à l'arrivée de l'échéance du départ, devraient voir arriver leurs lots de couples tant attendus.
De là à faire le parallèle avec l'isolement des militaires, il n'y a qu'un pas. Mais heureusement, le sentiment de frustration sexuelle n'est pas aussi violent ici.
Quoique...